Les Chroniques Martiennes – Ray Bradbury

Lorsqu’on parle des classiques de SF et d’anticipation, on parle obligatoirement de Ray Bradbury! Car si ce dernier a exploré de nombreux pans de la littérature, c’est bien dans le domaine de l’anticipation (l’histoire se passe dans le futur) qu’il a excellé. Je valide donc la catégorie La vie, l’univers et le reste du menu Les mystères du ciel pour les thèmes : science-fiction, espace, extra-terrestres et décalé avec le recueil de nouvelles : « Les chroniques martiennes« .

Éditeur : Gallimard
Publication originale : 1950
Genre : Science-fiction, Nouvelle, Horreur, Post-apocalyptique
Nombre de pages : 336

« J’ai toujours voulu voir un Martien, dit Michael. Où ils sont, p’pa ? Tu avais promis.- Les voilà », dit papa. Il hissa Michael sur son épaule et pointa un doigt vers le bas. Les Martiens étaient là. Timothy se mit à frissonner. Les Martiens étaient là – dans le canal – réfléchis dans l’eau. Timothy, Michael, Robert, papa et maman. Les Martiens leur retournèrent leurs regards durant un long, long moment de silence dans les rides de l’eau… »

Voilà un bon moment que je souhaitais me plonger dans Chroniques Martiennes. Ayant déjà lu plusieurs nouvelles et romans de Ray Bradbury ainsi que le célèbre Fahrenheit 451, je savais que la plume de l’auteur allait à nouveau conquérir mon cœur et emporter mon imaginaire dans des endroits insoupçonnés. J’ai beaucoup apprécié les liens entre certaines histoires car même si on se trouve ici dans un recueil de nouvelles, avec des histoires autonomes, certaines d’entres-elles se font des clins d’œil et nous offrent un sentiment d’unicité. Ici, Mars est bien loin d’être peuplée de « petits hommes verts » au profit de villes cristallines, personnages aux yeux d’or et paysages oniriques.

Artwork by Michael Whelan

Ce qui est intéressant dans ces récits, c’est l’impression de « futur du passé » qui s’en dégage. Ces histoires ont été publiées entre 1945 et 1950 et si on en décèle souvent les traces, certaines d’entres elles paraissent si contemporaines qu’on fini par l’oublier. J’avais un peu peur de tomber dans une vision naïve du futur ou poussée à l’extrême mais en réalité, le futur tel que décrit par Ray Bradbury semble relativement plausible. Il y décrit quelques avancées technologiques, qui font parfois sourire comme le téléphone inter spatial, alors qu’on parle aujourd’hui de passer des coups de fils sur la lune et d’obtenir la 4G pour les astronautes. Mis à part ces quelques touches futuristes et « avancées scientifiques », les humains (et leurs mentalités) quant à eux semblent tout droit sortis d’une autre époque et nous paraissent aujourd’hui quelque peu arriérés, en particulier dans leurs rapports les uns avec les autres. Je pense notamment au premier couple Martien présenté qui a tout d’un couple américain cliché des années 50. Cependant, le recueil traite des thèmes qui sont toujours d’actualité : le racisme, la surconsommation, l’acculturation,… Des sujets peu réjouissants, parfois tragiques certes mais décrits avec une telle poésie qu’ils nous laissent songeurs, dans l’espoir d’un futur meilleur.

Fille des cauchemars – Kendare Blake

Amis des fantômes et autres manifestations d’outre-tombe, me revoici avec un dyptique qui se lit tout seul : Fille des cauchemars de Kendare Blake. Je parle de dyptique car c’est en effet une histoire qui se déroule sur deux tomes. On y rencontre Thésée Cassio Lowood (oui), exterminateur de fantômes solitaire qui dans sa quête, va se heurter à plus fort que lui… 

C’est une fois de plus, une lecture qui s’inscrit dans le cadre de l’Astro Book Challenge, dont je valide doucement les catégories. C’est assez naturellement que j’ai placé ces livres dans la catégorie « Mes amis de l’au-delà » du menu « L’art de la divination » pour les thèmes Esprits et Vaudou. J’aurais pu tricher en validant également le thème « Louisiane » car les références y sont nombreuses mais je préférais garder ce dernier thème pour une histoire s’y déroulant réellement.

Tome 1 : Anna
Éditeur : Lgf – Le livre de poche
Publication originale : 2011
Genre :  Jeune adulte, Fantastique, Horreur
Nombre de pages : 416

« La ville est plus hantée que je ne l'aurais cru. Une énergie macabre fourmille dans le sol, prête à éclore. Des mouvements imperceptibles ne cessent d'attirer mon attention. Je sais que, quelque part, se cache une âme si puissante qu'elle pourrait tuer par la seule force de son regard. Elle va essayer de me détruire. J'ai presque hâte de voir comment elle s'y prendra. »
Il s'appelle Thésée Cassio Lowood. Exterminer les fantômes, c'est sa mission. Elle s'appelle Anna Korlov, « Anna à la robe de sang ». Il traque, chasse, tue, sans remords. Elle extermine sans pitié ceux qui osent l'approcher. Pour lui, elle est une déesse de la mort ; pour elle, il n'est qu'une proie comme les autres. Pourtant, elle a décidé d'épargner sa vie...
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Le Bourbon Kid tomes 3 & 4 – Anonyme

Je vous avais précédemment parlé de la saga du Bourbon Kid dont j’avais lu les deux premiers tomes :  Le livre sans nom et L’œil de la lune dans le cadre de challenges littéraires. Je reviens donc à la charge avec les tomes 3 et 4 de la série : Le cimetière du diable et Le livre de la mort. Les titres sont toujours aussi évocateurs et cachent un univers toujours aussi barrés que les premiers tomes. Si vous avez aimé l’univers des premiers romans, vous trouverez sans doute votre compte dans les deux suivants. 

Tome 3 – Le cimetière du diable
Éditeur : Sonatine
Publication originale : 2010
Genre : Thriller, décalé, fantastique
Nombre de pages : 442

Le troisième tome du Bourbon Kid est un interlude plutôt sympathique après les montagnes russes émotionnelles du second opus. le rythme est différent, un peu plus posé mais l’humour y est tout aussi noir. On y retrouve des personnages comme la Dame Mystique et Sanchez, embarqués dans un voyage dans le cimetière du diable, à l’hôtel Pasadena où a lieu chaque année le concours de chant « Back from the dead ». Il n’est donc pas étonnant de croiser Kurt Cobain, Janis Joplin et Freddie Mercury au détour d’un couloir…

On y découvre un Kid, 10 ans après les événements d’Halloween qui l’ont poussé à tuer pour la première fois. Plus terrible que d’ordinaire, il sera chargé d’une tâche particulière… N’ayez crainte cependant, l’absurdité sera bel et bien au rendez-vous!

Ce qui change beaucoup dans ce tome, c’est justement son très niveau d’absurdité, qui le rend vraiment très drôle. C’est de l’humour noir certes mais au début ça surprend un peu, on est bien loin des drames se passant dans l’œil de la lune, le ton est plus léger et les situations cocasses. J’ai vraiment aimé découvrir une autre facette de cette histoire complètement folle. 

J’ai lu beaucoup de critiques négatives au sujet de ce troisième opus, je pense que cela est du au changement radical dans le rythme et la narration. Les deux premiers tomes nous font vivre une véritable course poursuite remplie de rebondissements en tous genres tandis que le cimetière du diable est comme figé dans le temps, en huis clos (et surtout, c’est une préquelle). Je pense que c’est un livre qu’il faut apprendre à savourer à sa juste valeur et qu’il faut surtout s’attendre à tout de la part de notre auteur Anonyme.


Tome 4 – Le livre de la mort
Éditeur 
: Sonatine
Publication originale : 2012
Genre : Thriller, décalé, fantastique
Nombre de pages : 464

Il est sans doute préférable pour votre bien-être que personne n'inscrive jamais votre nom dans Le Livre de la mort, sans quoi il vous resterait très peu de temps pour formuler vos dernières volontés. Aussi on peut aisément comprendre que celui-ci fasse l'objet de multiples convoitises, en général assez mal intentionnées. Et que quelques contrariétés guettent son actuel détenteur, l'infortuné Sanchez.

Après l’histoire du troisième tome, servant de parenthèse temporelle, nous revenons dans le vif du sujet avec la suite directe des événements du second tome. Nous découvrons ce qu’il est advenu de nos personnages principaux et la ville de Santa Mondega. Ce que j’ai beaucoup apprécié, c’est que les personnages ont énormément gagné en profondeur, même ce vieux rat de Sanchez pour qui on parvient à ressentir de l’empathie. Le rythme du livre redevient également familier, ça part dans tout les sens et nous n’avons que très peu de temps pour reprendre notre souffle, un vrai bonheur. 

Tout au long du récit, j’ai ressenti comme une volonté de la part de l’auteur de vouloir fermer plusieurs arcs (si pas tous?). Ce qui m’a laissé une impression douce-amère de « fin définitive » lorsque j’ai tourné les dernières pages du roman. Fort heureusement, il me reste encore 4 tomes à dévorer, mais je redoute déjà de m’y retrouver. L’histoire du Livre de la mort m’a semblé bien plus sombre, voire vicieuse que les autres…  mais je dois admettre que cela m’a plu. J’ai été déstabilisée de retrouver un JD pataud et amoureux (oui, je suis là pour le sang et la violence, pas pour la romance je ne vais pas mentir) et ai été soulagée lorsque cela a pris fin. C’est qu’il aime nous malmener, notre auteur anonyme!

Contrairement à beaucoup d’avis que j’ai pu lire, je n’ai pas renoué avec les aventures du Bourbon Kid avec ce tome pour la simple raison que je n’en ai jamais décroché. Je peux cependant comprendre que le troisième tome ait pu décevoir, je l’ai plutôt perçu comme une entracte amusante pour me remettre de mes émotions. Suis-je objective? Non, je suis carrément mordue de cette saga mais peut-être arriverai-je à en rendre d’autres accros dans mon sillage…

Malpertuis – Jean Ray

Comme second livre pour l’Astro Book Challenge, j’ai jeté mon dévolu sur « Malpertuis » de Jean Ray, qui vient valider la catégorie La lune de sang du menu Les mystère du ciel.

Éditeur : Alma
Publication originale : 1943
Genre : Fantastique, horreur, surréaliste
Nombre de pages : 186

Malpertuis ! C'est la première fois que le nom coule, d'une encre lourde, de ma plume terrifiée. Cette maison imposée comme point final de tant de destinées humaines, par des volontés terribles entre toutes, j'en repousse encore l'image ; je recule, j'atermoie, avant de la faire surgir au premier plan de ma mémoire. D'ailleurs, les personnages se présentent moins patients que la maison, pressés sans doute par la brièveté de leur terme terrestre. Après eux, les choses demeurent, comme la pierre dont se font les maisons maudites.

J’avais déjà entendu parler plusieurs fois de ce roman d’épouvante sans jamais m’y attarder. Présenté comme un grand classique du genre au même titre que le mythe de Cthulhu (mais à la belge!), c’est un roman que je ne suis pas prête d’oublier! Et quelle aventure! Je recherchais quelque chose qui s’inscrive réellement dans le style gothique car c’est au final quelque chose que j’explore très peu et ce bouquin revenait constamment au cours de mes recherches. J’ai fini par me laisser convaincre par la hype qui semblait rassembler autant de personnes autour de ce livre. J’ai vu des avis très positifs, des critiques construites et argumentées, des personnes qui criaient au génie et d’autres qui crachaient carrément sur l’œuvre. Je ne vais pas vous le cacher, j’étais vraiment curieuse de découvrir ce qui se cachait derrière tant de réactions, et je n’ai pas été déçue…

Je suis forcée de constater que je n’étais pas prête à recevoir cette claque littéraire. Entre la multiple narration, la tension présente tout au long du récit, l’intrigue ou les curieux personnages qui peuplent le livre, j’ai moi aussi été happée par Malpertuis. Ce roman est désorientant, comme une sorte de mise en abîme par rapport à l’un des personnage principaux qui ne comprend absolument rien à ce qui lui arrive et qui découvre avec effroi, l’horrible secret qui se cache dans dans la maison qui est désormais la sienne. À la fois fantasque, presque carnavalesque, il m’a laissée perplexe plus d’une fois. On y retrouve les codes de la littérature gothique mais en même temps un côté un peu bon enfant bien de chez nous.

J’ai beaucoup aimé me plonger dans cet univers, soyons honnête, complètement surréaliste et me creuser la tête en tentant de comprendre ce qu’il se passait. Je pense qu’il me faudra plusieurs jours afin de me sortir l’histoire de la tête car c’est ce genre de livre qui nous suit. Si vous ne l’avez pas encore lu et que ça vous parle, ne vous renseignez pas dessus car vous risquez de vous faire révéler toute l’intrigue (j’ai fait une petite recherche pour m’aider à vous le présenter et j’ai été heureuse d’avoir attendu la fin pour le faire). Il existe également une adaptation cinématographique de l’œuvre pour les plus téméraires, l’affiche en dit long sur le contenu donc gardez-vous la surprise pour la fin 😅.